Les députés aimant l’eau salée étaient sur la goélette Tara Ocean au Port des Invalides. J’ai en effet signé la proposition de résolution de Jimmy Pahun pour 《 la conservation et l’utilisation durable de la haute mer》. Une nécessité très largement partagée, au-delà des clivages politiques.
Le rapport spécial du GIEC sur l’Océan et la Cryopshère, publié le 25 septembre dernier, met en exergue les conséquences du changement climatique sur les espaces marins et côtiers. Fruit du travail conjugué de la communauté scientifique internationale, il précise les phénomènes de montée et de réchauffement des eaux, d’acidification et de désoxygénation de l’Océan. Il évalue aussi l’intensification des phénomènes climatiques extrêmes : certaines parties du monde en connaîtront jusqu’à un par an. Enfin, il met en lumière le rôle premier de l’Océan dans la régulation du climat, et l’urgence d’agir.
Ainsi présentés les défis de notre siècle ne doivent pas nous paralyser, mais nous mobiliser. Ce constat nous impose d’agir ! Il nous faut nous adapter aux effets d’ores et déjà irrémédiables du réchauffement climatique, et atténuer ceux qui peuvent encore l’être. En somme, refuser la fatalité et continuer à croire aux formidables opportunités que nous offre l’Océan. Une bonne part de l’avenir de l’Océan se joue en ce moment à New York dans l’enceinte des Nations-Unies. Depuis 2018, la communauté internationale est engagée dans un cycle de
négociation en vue d’établir un Traité pour la conservation et l’utilisation durable de la Haute mer, en complément de la Convention des Nations Unies sur le Droit de la mer. Ce Traité est actuellement le seul négocié par les états membres. Il a quatre objectifs :
- Établir des outils de gestion pour protéger la biodiversité et renforcer notre résilience face au changement climatique ;
- Fournir un cadre au développement des activités économiques et scientifiques en haute mer ;
- Définir un système de partage des avantages tirés de l’exploitation des ressources
génétiques marines ; - Faciliter le transfert de technologies marines et savoir-faire au profit des pays en voie de développement.
Cette négociation est donc fondamentale. Seulement, elle est d’abord envisagée par les états dans sa dimension technique, ce qui la conduit à manquer d’un véritable portage politique et de visibilité dans le débat public. C’est sur ce point que nous vous demandons d’agir car la France a un rôle majeur à jouer pour changer cet état de fait. La France, deuxième zone économique exclusive au monde, aurait tout intérêt à se saisir du sujet de la Haute mer au plus haut niveau politique pour que la voix de l’Europe soit la plus ambitieuse possible.
Le vote de la proposition de résolution pour la conservation et l’utilisation durable de la haute mer contribuerait significativement à donner de la visibilité à cette négociation tout en portant haut les ambitions de la France. Les députés y exprimeraient leurs préoccupations et leurs espoirs sur les points très précis de la négociation. Ils montreraient ainsi la voie aux autres Nations, pour qu’enfin soit assurée la protection des écosystèmes marins au-delà des juridictions nationales. Le secteur économique maritime français pousse lui aussi, aux côtés des scientifiques et des associations, à un accord ambitieux. En effet, si les activités humaines en mer répondent à des besoins essentiels de l’être humain, ces activités dépendent aussi de la santé de notre Océan. Porter les enjeux économiques au cœur de la négociation c’est aussi la possibilité de travailler à des solutions technologiques qui répondent à cette nécessaire protection de l’Océan.